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Socapalm, vers une évolution dans le règlement des conflits ?

Date 22 septembre 2017
Type Articles

La Société Camerounaise des Palmeraies (Socapalm), filiale de la Société Financière des Caoutchoucs (Socfin) basée au Luxembourg et détenue par Hubert Fabri et Vincent Bolloré, a mis en place une nouvelle politique de coopération avec les ONG locales.

Sur le complexe industriel de 16 500 hectares basé dans le village de Mbambou (Région du littoral camerounais), plusieurs parties s’affrontent à propos de l’exploitations de l’huile de palme Socapalm, différentes ONG dont Greenpeace, et les associations de riverains. Accusée de déforestation, d’accaparement des terres, de mauvaises conditions de travail et de fournir des logements sommaires, Socapalm a décidé de réagir avant que la crise ne s’intensifie.

La société a donc déclaré prendre conseil auprès de l’ONG The Forest Trust afin de comprendre les revendications et régler aux mieux les problèmes soulevés.

Quelle est la situation de Socapalm ?

Le prédécesseur de Socapalm, la Compagnie Nationale des Palmeraies, avait pour objectif le développement des campagnes grâce à son implantation dans les régions en besoin. Mais en 2000, la privatisation de ce groupe laisse place à Socapalm dont les objectifs sont les rendements de l’agrobusiness international. Ce changement de politique dans l’exploitation des palmeraies est mal perçu par les populations locales.

(source : farmlandgrab.org)

Socapalm se retrouve dès lors confrontée à une lutte pour la possession de la terre face aux populations locales et à l’association Synergie Nationale des Paysans et Riverains du Cameroun (Synacaparm).

En effet, depuis 1930, la population a grandi et s’est même multipliée par huit. L’accord passé avec la Compagnie nationales des palmeraies et Socapalm prévoit de laisser aux villageois 250 hectares d’espace vital pour les cultures vivrières. Or les villages s’agrandissent mais les plantations ne reculent pas. En 2005, Socapalm est alors encouragée à rétrocéder 20 000 hectares afin de respecter cette norme, ce que l’entreprise déclare avoir fait. Aujourd’hui, The Forest Trust conseille au groupe de réaliser une cartographie de ses territoires pour prouver qu’elle a bien respecté les directives à la population locale.

Quels défis pour l’entreprise ?

Socapalm, pour permettre un contact régulier avec les populations locales, a mis en place des réunions tripartites avec les préfectures et les chefs traditionnels, en mettant de côté tout autre moyen de dialogue avec les populations locales. La contestation 2.0, dans les zones pourvues d’électricité, se développe via les réseaux sociaux. Cela lui permet d’être relayée par plusieurs ONG européennes et de gagner en visibilité, mais aussi en légitimité. L’entreprise, en oubliant l’importance des réseaux sociaux, s’est coupée de la population locale de laquelle elle voulait pourtant se rapprocher.

Dominique Cornet, directeur général de Socapalm, reconnaît qu’il est désormais nécessaire d’améliorer les dialogues et les relations avec ses voisins, et continuer l’effort fourni pour assurer des conditions de vies au-dessus du seuil minimum toléré par le pays.

La bonne entente des relations avec les parties prenantes est essentielle, certes pour prévenir une situation de crise, mais également pour éviter les nombreux vols que la compagnie subit, et qui peuvent représenter jusqu’à 10% des récoltes.

Que faut-il retenir ?

  • Prévenir une crise, c’est écouter et prendre en compte les autres parties au conflit avant que les relations s’enveniment ou se rompent. Il faut donc prêter attention aux discours et montrer des signes encourageants quant à la compréhension des enjeux de chacun.
  • Il ne faut pas négliger l’impact des réseaux sociaux sur les modes de contestation et de négociation. Se cantonner uniquement à un règlement traditionnel des conflits, c’est manquer de prendre la parole sur les incontournables réseaux sociaux.
  • Une bonne communication avec les parties prenantes permet de régler les problèmes principaux et secondaires : Socapalm essaie donc de réduire les attaques des ONG et associations à son encontre, et son action pourrait permettre de réduire les vols. Une bonne communication est nécessaire pour un développement économique stable sur la longue durée.

Source

MBAMBOU Kiené, « Au Cameroun, frictions à l’huile de palme », Le Monde, 21/08/17.